10 ans et après : Prévenir le réchauffement climatique

mercredi 23 janvier 2019
par  Patrick Madelin
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Pontoise Ensemble avait interrogé les participants de la soirée anniversaire de ses dix ans sur les priorités à mettre en œuvre pour un développement durable. Elle leur demandait quelles étaient les solutions les plus efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour étayer ce questionnement, elle s’était inspirée d’un rapport émanant de l’organisme drawdown.org qui réunit les avis d’experts sur le sujet. Puis elle interrogeait sur les solutions à mettre en œuvre à Pontoise.

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Inverser la courbe du réchauffement

Drawdown.org représente une coalition de plus de 200 chercheurs, entrepreneurs, universitaires, militants et acteurs du changement de la planète, pour identifier et proposer les meilleures solutions qui peuvent de manière cumulative inverser le réchauffement climatique dans les 30 prochaines années. Le classement des 10 solutions les plus efficaces parmi une centaine inventoriées était proposé dans le désordre au débat :
1. Moderniser toutes les filières du froid
2. Produire plus d’énergie éolienne
3. Réduire le gaspillage alimentaire
4. Végétaliser l’alimentation
5. Protéger les forêts tropicales
6. Eduquer les filles
7. Planning familial
8. Fermes solaires
9. Agro foresterie
10. Toitures solaires

Les échanges ont souligné la diversité des moyens à mettre en œuvre tant au niveau collectif qu’individuel et révélé de grandes différences entre l’impact des solutions perçues par le public et leur efficacité réelle.

La modernisation des filières du froid est le premier facteur de réduction des gaz à effet de serre au niveau mondial. Il est vrai que le développement des climatiseurs et des réfrigérateurs a de lourdes conséquences. On aurait eu tendance à penser d’abord à la réduction de l’empreinte carbone et à la production d’énergies douces (solaire et éolienne).

La lutte contre le gaspillage est à la portée de tout citoyen. Cela commence par l’alimentaire, dès le plus jeune âge. Il s’agit aussi réduire la facture énergétique dans la consommation domestique et industrielle par les choix de matériaux de construction, dans le recyclage des équipements provenant de filières électriques et informatiques (les batteries par exemple). Les politiques publiques ont dans ces domaines un rôle d’éducation, de sensibilisation et de responsabilisation des citoyens.

Allier le social et l’écologie

Le débat sur les politiques à mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique a vite porté sur le conflit dit des « gilets jaunes » en cours.

Comment combiner sensibilisation et responsabilisation avec la capacité de l’Etat à imposer des solutions « durables », sans qu’elles soient perçues par les citoyens comme étant punitives ? En appliquant des solutions alternatives pour inciter par l’exemple à modifier les comportements ? Cela peut de fait dresser une partie de la population contre une autre. Ainsi la taxation du diesel et la limitation de vitesse automobile impactent au quotidien les habitants de zones peu urbanisées, sans transports en commun pratiques. Ils vivent ces procédés comme une dégradation nouvelle de leurs conditions d’existence.

Le mouvement de départ des gilets jaunes prouve le besoin de prise de conscience des décideurs politiques que les changements au titre du développement durable et de la réduction des pollutions ont des conséquences sur tous les secteurs et sur toute la population. Rechercher la diminution de consommation de carburant pétrolier des avions et des bateaux pourrait être un impératif du secteur des transports et la taxation du kérosène et du fioul lourd un moyen d’agir en ce sens en diminuant la pollution atmosphérique. Il n’y a pas de raison pour que l’argumentaire taxe-ralentissement s’applique aux transports routiers nationaux et pas au transport aérien et maritime international. Nicolas Hulot rappelait que « le réchauffement climatique est irrémédiable » et que c’est un problème global dont les remèdes doivent s’appliquer sur toute la planète.

En définitive, et pour rester cohérent, il est nécessaire d’allier le social et l’écologie. Sinon il y aura un phénomène de rejet des actions environnementales.

Quelles priorités pour le développement durable au niveau d’une ville ?

Il était demandé aux participants de prioriser parmi les propositions suivantes les 3 premières solutions jugées les plus efficaces à mettre en œuvre à Pontoise pour lutter contre le réchauffement climatique :
 Lutter contre le gaspillage énergétique
 Améliorer l’isolation thermique des locaux publics et soutenir la rénovation des logements
 Encourager les déplacements non motorisés
 Verdir la ville
 Produire de l’énergie renouvelable
 Proposer des repas biologiques et végétarien dans les cantines

Dans l’ensemble des réponses proposées, la priorité est allée aux actions concourant aux économies d’énergie des locaux et à l’encouragement aux déplacements non motorisés. L’introduction du bio et du végétarien dans les cantines scolaires, l’introduction et l’entretien d’espaces verts dans le domaine public et la promotion de la production d’énergie non carbonées venant largement derrière.
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Les questionnés ont bien joué le jeu de la réflexion sur les actions locales pouvant rapidement et efficacement être mises en œuvre. La rénovation énergétique concerne en effet tout autant l’habitat que les locaux relevant de la commune : crèches, écoles, centres aérés, gymnases, bibliothèques, centres socioculturels et autres locaux municipaux. L’aménagement de la voirie pour faciliter les déplacements piétonniers et cyclables est aussi pleinement de la compétence municipale. La négociation avec les responsables des transports collectifs pour améliorer la proposition passe aussi par les collectivités territoriales, qu’il s’agisse de l’agglomération et du département pour les bus ou même de la Région qui préside Île de France Mobilités (le syndicat des transports d’Ile de France, ex Stif) et est en mesure de négocier avec la SNCF.

L’alimentation biologique n’est pas encore vraiment ressentie comme pouvant être un moyen local de développement durable via l’alimentation collective. Il est vrai que l’aliment biologique qui vient de loin a amélioré la qualité de l’air et de l’eau des zones de production, mais que son transport est polluant. L’efficacité climatique nécessite plutôt une alimentation de production locale tendant vers le biologique, consommée à la saison de production. L’impact climatique de la production de protéines animales est bien documenté et plaide pour une re-végétalisation de l’alimentation, au niveau de ce que consommait le Français du milieu du siècle dernier.

Une pétition des parents d’élèves pontoisiens porte depuis janvier 2019 une demande bien argumentée d’amélioration de la qualité des cantines à Pontoise. L’impact de l’augmentation du patrimoine végétal municipal est lui aussi sous estimé : c’est cependant un facteur d’amélioration de la qualité de l’air, et de lutte contre les ilots de chaleur qui rendent si pénible les périodes de canicule destinés à devenir de plus en plus fréquentes. De fait, tout ce qui diminue le recours aux climatiseurs modernes est favorable à l’environnement : arbre élagué après l’été pour profiter de l’ombrage, fontaine, murs végétaux et trottoirs fleuris de plantes vivaces sont des techniques bénéfiques au climat largement reconnues à l’échelle d’une ville. Le plan climat énergie de la ville de Paris est à cet égard exemplaire.

Enfin, l’idée qu’une ville peut contribuer à produire sa propre énergie semblait peu réalisable à notre panel. Certaines villes réussissent cependant à le faire dans des régions moins ensoleillées que notre bassin parisien, comme Grande Synthe, dans le Nord ! Il n’y a donc aucune raison de ne pas l’envisager à Pontoise à chaque opération de construction ou de rénovation des bâtiments publics ou même privés : il n’y manque que la volonté politique !

Pour voir et en savoir plus :

Le site du collectif Drawdown : https://www.drawdown.org/

Le livre de Paul Hawken / Drawdown édité en français chez Actes sud, sous la direction de Cyril Dion (avril 2018) : https://www.actes-sud.fr/catalogue/...

Le mouvement Colibris dont les co-fondateurs sont Pierre Rabhi et Cyril Dion :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_Colibris

Le film « Demain » co-réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent (2015) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Demain

Le film « après demain », co-réalisé par Cyril Dion et Laure Noualhat (2018) :
https://www.demain-lefilm.com/apres...

L’impact climatique des diverses protéines, un article du Monde de 2011 qui reste pertinent : http://ecologie.blog.lemonde.fr/201...

La restauration collective peut réduire facilement le gaspillage alimentaire de 20% :
https://www.actu-environnement.com/...

Une rue zéro déchet voit le jour à Paris : https://www.elueslocales.fr/actualites/bonnes-idees/paris-une-rue-zero-dechet-voit-le-jour/

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