Les points communs
Les convergences de ces trois programmes sont bien centrées sur les compétences de la Région : les transports et leur sécurité, la formation des jeunes, du lycée à l’enseignement supérieur, dans la région la plus jeune de France métropolitaine, l’emploi et la vie économique.
Pour les transports en communs EELV, PS et LFI (selon l’ordre des panneaux tirés au sort en préfecture de région ) veulent tous renforcer l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap, avec un plan d’investissement urgent pour le RER y compris pour la grande couronne (EELV, LFI). Le PS promet la gratuité pour tous même sur son bulletin de vote, LFI le promet pour les moins de 25 ans et les allocataires des minima sociaux. Soucieux de la grande couronne qui a besoin de bus et de tram, le plan de développement est commun à LFI et EELV qui précise « redéployés au bénéfice du quotidien des franciliens » et évoque le « développement des horaires de nuit ».
L’encouragement à la mobilité cycliste, particulièrement favorable à l’environnement et à la santé est fort pour les trois propositions, évoquant toutes le RER vélo qui garantirait la continuité cyclable en grande couronne. Clémentine Autain ose un iconoclaste « réduire la place de la voiture » et comme Julien Bayou propose un vélo pour inciter chaque lycéen à la mobilité douce, Audrey Pulvar préférant proposer « plus de vélos en libre service. »
La notion de sécurité n’est pas oubliée des candidats pour les deux domaines où la Région peut agir : « Sécurité renforcée dans les transports et dans les lycées » indique l’équipe d’Audrey Pulvar (PS) et « brigade de tranquillité renforcée la nuit » précise celle de Julien Bayou (EELV).
L’enseignement secondaire : constatant leur dégradation, la rénovation des lycées publics, quantifiée par LFI et EELV à un milliard annuel sur tout le mandat, est une urgence pour les trois listes candidates tout comme l’amélioration des cantines « locales et bio », EELV précisant avec « un choix végétarien quotidien »et LFI « gratuité pour les 4 premières tranches du quotient familial ». LFI programme de construire 2 lycées publics par an (programmés et non livrés par la majorité Pécresse) et « un lycée agricole et environnemental par département dans la mandature ».
Le secteur culturel et sportif nécessite » : un plan d’urgence » pour EELV, qui partage le projet de bloquer les « licences à 10 € » avec LFI qui précise « créer un Samu culturel pour soutenir les structures en danger ».
L’emploi est une priorité affichée par les trois professions de foi qui ne peuvent tout écrire : c’est « priorité aux jeunes par la création de 10 000 emplois rebond vert » pour Audrey Pulvar avec la « généralisation des territoires zéro chômeur de longue durée » . C’est créer « 30 000 emplois solidaires et d’insertion » pour Clémentine Autain, avec « un service public régional de réparation et du réemploi », et pour Julien Bayou c’est « 200 000 emplois via la critérisation des aides et la transition écologique » et le « retour des emplois tremplins ».
La santé et la lutte contre les déserts médicaux est partagée par les trois listes détaillant « créer 180 maisons et centres de santé » pour le PS , en cofinancer « 300 et former 20 000 soignants avec rémunération contre engagement de 5 ans dans le service public, et moratoire des fermetures de lits pour LFI et « un plan d’un milliard d’euros contre le bruit" pour EELV...
L’égalité est aussi un souci partagé par les trois listes. Quand Audrey Pulvar promet un « égal accès femmes/hommes aux emplois les mieux considérés et rémunérés » Clémentine Autain propose de créer « des maisons de Franciliennes » pour soutenir informer et orienter les femmes et agir contre les violences » » et Julien Bayou affirme « une région féministe qui forme les personnels des lycées » avec « un plan anti-harcèlement dans les transports ».
L’électeur qui veut en savoir plus peut consulter les programmes complets que nous citons dans l’ordre des panneaux : idfecololgie.fr, Iledefranceencommun.com , clementineautain-idf.fr
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L’écologie évidemment ! Un slogan pertinent ?
Julien Bayou (EELV) conseiller régional sortant mène une liste qui est soutenue par sept partis écologistes qui ont participé au rajeunissement des militants et sympathisants. Ils sont tous convaincus que l’écologie pour être efficace doit investir le politique et les collectivités territoriales, si importantes dans la vie quotidienne. Elle est soutenue par Yannick Jadot député européen et deux anciens ministres du quinquennat Hollande, Delphine Batho et Benoit Hamon. Elle considère que 80% des propositions de la Convention citoyenne pour le climat 2020 sont intéressantes et applicables pour la Région Ile-de-France.
Pour les 23 candidats du Val d’Oise (sur 209 au total) on retrouve des militants très actifs dans la lutte contre Europacity , ce projet de centre commercial heureusement annulé qui détruisait de riches terres agricoles à Gonesse sous le vacarme des avions de Roissy. Rappelons qu’il faut encore défendre l’ensemble de ces terres contre le bétonnage à visée pseudo-économiques mais surtout électoraliste prôné par les listes de droite et hélas revendiqué par le PS 95 ….
Parmi ceux-là Carine Pelegrin qui défie la dynastie Poniatowski à L’ Isle Adam, Vincent Gayrard, conseiller minoritaire à Deuil-la-Barre, Pierre Benassaya président de l’ONG « Graines populaires »… Dans l’ensemble des militants actifs sur l’ensemble du département, ou des élus habitués aux assemblées qu’il faut convaincre en permanence des urgences environnementales et sociales, même quand ils font partie du groupe majoritaire.
Fort logiquement cette proposition promet « un grand plan de relance pour le climat et l’emploi » mais est la seule à mettre un fort accent sur l’importance de la transition agricole : « tripler le nombre d’exploitations agricoles » dans une Région Ile-de-France trop dominée par les grandes cultures d’exportation , quasi sans élevage et trop peu maraîchère, avec une autonomie alimentaire limitée à quelques jours.
Pontoise Ensemble constate que cette liste « L’écologie évidemment » insiste sur la protection des terres agricoles actuellement menacées avec l’aval regrettable de leurs collectivités territoriales locales qui y trouvent un intérêt de court terme : Gonesse, Saclay, Grignon. Elle promet enfin la sortie des pesticides néo-nicotinoïdes dont Mme Pécresse a accepté le retour pour « protéger » les grands betteraviers, bien que leur rôle négatif soit reconnu pour la qualité de l’air et de l’eau de tous. Pontoise Ensemble s’amuse qu’elle prenne nettement position « pour le bien- être animal » alors que c’est LFI qui affiche le logo du Parti animaliste.
Il est temps ! Un slogan nostalgique ?
Audrey Pulvar, adjointe au maire de Paris, est soutenue par sa maire Mme Hidalgo , ce qui est le minimum, et de belle manière par Christiane Taubira et Jean Jouzel dont personne ne peut critiquer l’implication sincère pour les valeurs sociales et environnementales.
Dans sa liste des 23 candidats du Val d’Oise, on voit en première position le sénateur Rachid Temal, (serait-il déjà en campagne pour se faire réélire cet automne ?), puis Isabelle Berressi, conseillère régionale sortante ( mais du 93 !), Vincent Letertre, co-référent de Place Publique (mais du 93 !), Malika Yebdri, 1re adjointe à Cergy. On note le placement en septième d’Ali Soumaré, conseiller régional sortant monté à la suite de la démission de Rachid Temal élu sénateur en 2017. Arrive en 8e position Sandra Nguyen-Dérosier, nouvellement conseillère municipale minoritaire à Pontoise après deux mandats majoritaires à Courdimanche, par ailleurs candidate aux élections départementales du canton de Pontoise, et Jean-Pierre Bequet, ex- député, ex-maire d’Auvers sur Oise, ex conseiller général,. Bref ici aussi Pontoise Ensemble décrypte la mise en avant de candidats aux parcours politiques rodés, sachant mettre plusieurs fers au feu.
La promesse des transports en commun gratuits pour tous et plus accessibles en cas de handicap semble plus électoraliste qu’efficace. De fait, même appliquée de façon progressive, elle diminuera les moyens d’en accroitre la fréquence et la proximité. Cette gratuité promise sans nuance sur le bulletin de vote serait aussi un encouragement tacite à l’étalement urbain résidentiel qu’il faudrait au contraire contraindre pour arrêter l’artificialisation galopante des terres agricoles…et respecter la promesse des « 10 nouvelles réserves naturelles pour préserver la bio-diversité ».
La promesse d’une région 100% cyclable avec le RER-vélo est de bon augure. Mais la volonté de plus de vélo en libre-service parait très 1re couronne. Les besoins de la grande couronne, bien plus diffuse, sont plutôt en location longue durée de vélo éventuellement électrique, et de stationnement sécurisés sur l’espace public résidentiel dense et près des pôles d’activité.
Pontoise Ensemble constate que pour lutter contre la précarités des jeunes majeurs qui ont besoin d’être soutenus matériellement pour bien se former, Ile-de-France en commun n’évoque pas d’expérimenter le RSA des 18-25 ans. Il permettrait pourtant de faciliter les études professionnelles ou supérieures dans les familles modestes, même déjà boursières. C’est un rôle que ne peut absolument pas assurer « l’aide de 150€ mois pour les 100 000 jeunes les plus précaires de la Région » promise. .
Pontoise Ensemble rappelle que le PS 95 pousse à la réalisation de l’inutile « gare de plein champ à Gonesse », prélude à une urbanisation interdite pour cause de nuisances sonores insupportables à l’habitat.
Pontoise Ensemble remarque enfin que la promesse d’une « Assemblée citoyenne de long terme » fait l’impasse sur l’évocation des multiples propositions de la Convention citoyenne pour le climat…. Et s’interroge sur le slogan : « Il est temps ! » en se rappelant que le Conseil régional d’Ile-de-France, crée en 1976, a été présidé de 1998 à 2015 par le socialiste Jean-Paul Huchon et que le PS en garde une forte nostalgie.
Pouvoir vivre en Ile-de-France, un slogan un peu codé
Clémentine Autain, députée LFI, mène une liste sans afficher de soutien autre que cinq logos de parti. Parmi ses candidats du Val d’Oise on reconnaît Cécile Dumas, responsable du PCF 95, Jean-Michel Ruiz, conseiller régional sortant, Pamela Hocini, juriste et syndicaliste, élue minoritaire à Garges-les-Gonesse, Christine Appiani, active syndicaliste à l’hôpital de Pontoise, Julien Foucou, par ailleurs candidat aux élections départementales sur le canton de Pontoise. On peut remarquer qu’elle-même ne s’est placée qu’en 6e position sur les 29 candidats de Seine-Saint-Denis.
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Le programme est axé d’abord sur la santé, « investir dans le système public » mais juste après vient « mettre en œuvre la bifurcation sociale et écologique » avec la promesse « dès juillet un choc de solidarité » et de « mieux se déplacer pour vivre mieux » se terminant par « pouvoir étudier, se former, se cultiver ». Ce programme affiche une forte priorité sociale, très axé sur les promesses d’augmentation de pouvoir d’achat, d’où peut-être son slogan.
Pontoise ensemble partage la revendication de défense des services publics de santé, de transport et d’éducation. Il ne lui parait pas pour autant absolument nécessaire comme il est promis de « mettre fin aux subventions régionales non obligatoires à l’enseignement privé » car celui-ci fait parfois preuve d’une meilleure capacité d’adaptation aux besoins de publics particuliers ou de formations spécifiques.
Au vu des convergences fortes repérées entre ces trois listes et des quasi similitudes entre celle de Julien Bayou et de Clémentine Autain, comme il s’agit d’une élection proportionnelle à deux tours, il est peut-être permis d’espérer un regroupement de ces listes de gauche pour emporter la majorité au Conseil régional.
Et pour l’appel au vote de protestation de Lutte Ouvrière ?
La liste de Lutte Ouvrière, frappée de la faucille et du marteau , menée par Nathalie Arthaud, est soutenue par la grande ancienne Arlette Laguiller. Cette profession de foi a plutôt le ton d’une candidature de témoignage. Elle s’indigne à juste titre des bénéfices des grandes entreprises, des dégâts sociaux de la pandémie sur les premiers de corvée, de l’irresponsabilité des gouvernants successifs qui ont dégradé progressivement notre système de santé. Indignation largement partagée...
Pontoise Ensemble n’a pas trouvé de programme d’actions régionales pour Lutte Ouvrière. Puisque cette profession de foi se termine par « le bulletin de vote ne peut imposer des changements fondamentaux. Mais c’est un moyen de s’exprimer , dites votre opposition ! », cet appel au vote lui paraît un peu trop contradictoire avec sa conviction citoyenne.
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