Un fossé abyssal entre textes législatifs et décisions politiques
Face au réchauffement climatique, les décisions à prendre sont connues a souligné Jean Jouzel. La "feuille de route" officielle publiée en 2015 s’appelle la stratégie nationale bas carbone. Il suffirait selon lui de « politiciens courageux » pour l’appliquer sans tarder.
Le changement du mix énergétique pour limiter les émissions des produits pétroliers y est affiché : "on vise la neutralité carbone en 2050", ce qui est " impossible sans mettre la priorité sur les énergies renouvelables : or en France elles ont pris beaucoup de retard » a-t-il déclaré.
Nous constatons bien ce retard sur notre ville ! Les réticences ne sont pas encore toutes levées… Pour l’heure ce sont les établissements du supérieur qui prennent cet indispensable virage d’équipement de production d’énergie solaire : l’Essec et l’université à Neuville. Par ailleurs, ce sont les élus écologistes qui ont arraché l’équipement photovoltaïque des toits de la Halle d’athlétisme des Maradas .
Et pourtant, soulignons que Pontoise comme les autres villes de l’agglomération de Cergy-Pontoise est membre fondateur de la Coopérative O’Watt Citoyen : il serait possible de s’appuyer sur elle pour initier enfin l’équipement photovoltaïque de nombreux équipements, comme les crèches, les écoles, les gymnases et les maisons de quartier.
Sans attendre l’exemple des autorités locales, quelques habitants novateurs ont déjà fait ce choix depuis quelques années : ainsi une copropriété du centre-ville de Pontoise, site réputé interdit au titre de la défense du patrimoine, abrite des panneaux solaires thermiques sur sa toiture plate !
Appliquer localement les propositions de la convention citoyenne
Selon Jean Jouzel les propositions de la convention citoyenne étaient « pertinentes, peu coûteuses et efficaces » mais « elles n’ont quasiment jamais été retenues » par le gouvernement.
Limitation à 110 km/h sur autoroute ? « ça ne va pas plaire » a dit le Président de la République. En conséquence l’Etat garde les 130 km/h sur autoroute et laisse les départements choisir ou non de remonter à 90 km/h sur les routes.
Rien n’empêche la ville de Pontoise de limiter à 30km /h ses nombreuses rues étroites et toutes les rues de desserte résidentielle qui relèvent de son autorité. Nous y gagnerions une baisse de la pollution atmosphérique et des nuisances sonores ainsi qu’une plus grande sécurité pour les piétons et les cyclistes.
Rien n’empêcherait le département du Val d’Oise de supprimer l’inepte tronçon de 800 mètres autorisé à 90 km/h sur la RD 915 entre le viaduc de Marcouville et l’échangeur des Louvrais. Les habitants de ce quartier prioritaire, les habitants du fond du vallon, les élèves du collège Nicolas Flamel et les usagers du stade Nelson Mandela y gagneraient beaucoup en qualité de l’air !
Limitation de l’augmentation du poids des véhicules par surtaxe au-delà de 1,2 tonnes ? L’Etat ne voulait pas taxer les SUV, ces faux 4/4 lourds qui encombrent nos villes : donc la surtaxe commence au-delà de 1,8T et concernera très peu de véhicules particuliers !
C’est au moment du renouvellement de leur parc automobile que les collectivités territoriales peuvent agir. Elles peuvent décider de ne pas le remplacer à l’identique, de choisir des véhicules plus légers, de mutualiser avec l’agglomération les véhicules puissants indispensables… L’exemple est déjà donné par la Poste qui décline des engins de déplacement variant selon les tournées de ses facteurs, De même, les villes pourraient varier plus largement leur parc d’utilitaires…
« Tout n’est pas le rôle de l’Etat » même s’il doit « appliquer enfin l’accord de Paris », martèle Jean Jouzel dans ses interventions : « Tout se joue au niveau local et régional » « Les décisions d’adaptation se prennent là : mobilité, bâtiment, urbanisme… Il leur faut plus de ressources » a indiqué Jean Jouzel dans le débat qui a suivi sa conférence.
Pontoise Ensemble incite la ville à faire sienne cette conviction de Jean Jouzel sur l’importance du niveau local pour l’adaptation au réchauffement climatique. Oui, elle peut « faire des choix dans le bons sens » et sans plus attendre d’obligation étatique entreprendre dès maintenant de s’y adapter et de tout faire pour le limiter.
Pour aller plus loin :
prendre connaissance de cette stratégie nationale bas carbone que nous aurions pu appliquer dès 2015 .
Consulter le rapport de la Convention citoyenne pour le climat
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