Rappel historique
Entre 1914 et 1918, 2500 soldats français ont été condamnés à mort par des tribunaux militaires d’exception pour des motifs divers. De fait ils ne furent "que" plus de 600 soldats français à être fusillés pour l’exemple.
Les deux tiers d’entre eux furent exécutés durant les premiers mois du conflit, après des jugements sommaires et expéditifs, réalisés au sein de conseils de guerre spéciaux condamnant à mort pour sentinelle endormie, insulte à officier, refus d’obéissance, battue en retraite sans autorisation, blessure considérée comme volontaire, Ces faits étant traités comme mutinerie et désertion et l’exécution de la sentence ne laissait pas le temps des recours ni de l’appel à la grâce présidentielle…
Etait-ce donc infâmant de ne parler que corse ou breton et de ne pas être en mesure d’expliquer sa blessure, d’être en état de choc et de ne plus pouvoir se lever ? Cependant nombre de soldats français sont morts sous les balles de leurs camarades pour de tels faits.
La réponse du maire
Cette question orale ayant été comme c’est l’usage adressée en mairie 48 heures avant le conseil, il a été loisible de faire des recherches. Les services n’ayant pas trouvé de victime pontoisienne de ces exécutions décidées par des tribunaux d’exception de sinistre mémoire, Monsieur le maire a répondu qu’il lui semblait que la Ville n’avait pas qualité à supporter une telle demande : "nous ne représentons pas ici la République". Il a souligné que la sensibilité nationale avait beaucoup évolué sur cette question et qu’une salle était dédiée aux "fusillés pour l’exemple" au musée des Invalides.
Il a enfin rappelé la réponse de Mme Darrieusecq, secrétaire d’Etat, sur ce sujet lors de la Commission de la défense nationale et des forces armées du 4 octobre 2017, évoquant "un travail mémoriel et pédagogique de fond".
Une résistance officielle maintenue
Pontoise Ensemble constate que quelle que soit l’évolution mémorielle, il n’y a pas d’évolution officielle. On trouve sur le site du Sénat une proposition de loi déposée au Sénat par Guy FISCHER (CRC - Rhône) et plusieurs de ses collègues le 20 décembre 2012, ayant pour objet de réhabiliter collectivement les fusillés pour l’exemple de la première guerre mondiale fut rejetée..
Les auteurs du texte observaient que "malgré les conditions exceptionnelles dans lesquelles ont agi - ou refusé d’agir - ces hommes, souvent très jeunes, l’absence de toute disposition de réhabilitation persiste à les faire considérer comme des lâches ou des traîtres, flétrissant ainsi leur mémoire et jetant l’opprobre sur leurs descendants". Ils proposaient en conséquence de "réunir enfin en une seule et même mémoire apaisée tous ceux qui, durant cette guerre, sont morts pour la France", pour "[rendre] justice à tous ceux, frères de combat, qui ont payé de leur personne et [permettre] enfin que l’ensemble des morts de la Grande Guerre réintègre la mémoire nationale". L’article unique de la proposition de loi prévoyait également que "la Nation exprime officiellement sa demande de pardon à leurs familles et à la population du pays tout entier", que "Leurs noms sont portés sur les monuments aux morts de la guerre de 14-18" et que "la mention "mort pour la France" leur est accordée".
Texte de la question orale en pièce jointe
pour aller plus loin
le dossier évoqué au Sénat :
la réponse gouvernementale devant la commission du 4 octobre 2017.
unreportagede FR3 évoquant le monument d’hommage aux "fusillés pour l’exemple" qui sera prochaine érigé dans la commune de Chauny.
un documentaire récent passé sur Public Sénat
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