Habitat participatif ?
C’est une forme d’habitat dont les habitants sont réunis en amont d’une construction immobilière pour participer à sa programmation, à son financement, et parfois (comme le mouvement des "Castors" pour des pavillons dans les années 1950 à sa construction.
Le groupe de participants-futurs habitants peut être spontané et chercher un terrain ou être suscité par une collectivité qui propose un terrain pour un projet à élaborer de façon participative. Dans les deux cas, la participation en amont des usagers de la construction permet une conception adaptée à tous et à chacun selon ses attentes, ainsi que la mutualisation choisie d’espaces et de services. Contrairement aux achats sur plan où les voisins se découvrent en aménageant, la « construction sociale » celle des relations durables entre des personnes et le « construction spatiale » se sont élaborées simultanément.
L’habitat conçu et géré de façon participative peut être une copropriété simple ou une coopérative d’habitant où les membres ne sont propriétaires que de parts sociales variables revendues à leur départ.
Le renouveau
Depuis la levée par la loi Alur d’un certain nombre d’obstacles administratifs la cartographie du mouvement de l’habitat groupé-habitat participatif, qui a connu son apogée entre 1975-1985 mais était léthargique depuis, montre un vrai renouveau.
Conscientes de l’intérêt urbanistique et social de ce mode de construction privé, certaines villes vont jusqu’à susciter des projets. La proposition n’émane alors plus seulement d’un groupuscule d’amis à la sociologie identique : les critères de cooptation imposés par la collectivité permettent alors un panachage générationnel et social.
A Strasbourg, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Rennes (et en 2015 enfin à Paris !) des parcelles sont proposées pour des opérations d’habitat participatif. Les objectifs d’urbanisme peuvent être très variés : favoriser l’accession sociale en panachant le profil des foyers, revitaliser un centre-bourg, varier la démographie d’un quartier sans créer de ghettos à vieux ou à jeunes, "fourguer" une parcelle trop petite ou grevée de trop de contraintes pour intéresser la promotion classique, ensemencer d’habitants socialement actifs un nouveau quartier, etc.
Des réalisations rapides
Quand la proposition émane d’une ville, elle préfère souvent confier d’une part la promotion à une société spécialisée et d’autre part l’accompagnement du groupe d’habitant à une équipe professionnelle en AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage). Ces deux professionnalismes assurent un aboutissement du projet dans un temps à peine supérieur à celui d’une opération de construction classique avec une insertion très "ajustée" au quartier environnant. Ainsi quand neufs projets spontanés en autopromotion sur dix échouaient avant la Loi Alur pour des difficultés diverses, tous les projets suscités par les Villes aboutissaient déjà. Il n’y a en effet pas de difficulté à vendre le ou les logements qui ont perdu leur preneur en cours de route (ou ne l’avaient pas trouvé) pendant la phase de co-conception avec les futurs habitants. C’est en effet souvent sur ce point que capotaient les projets en autopromotion pure, malgré le soutien de garantie de bonne fin que peuvent donner certains réseaux de constructeurs comme les Architecteurs.
On peut lire ici comment ont procédé de concert la ville de Montreuil, le maitre d’usage (les futurs habitants) le maître d’ouvrage (le constructeur) et le maître d’oeuvre (l’architecte) pour réaliser l’immeuble "comme un baobab". L’association "Habitat et Humanisme" fait partie de ce projet écologique, social et solidaire car elle y gèrera deux logements d’insertion.
Témoignages dans une émission de France Inter
Témoignages locaux
A Cergy-Pontoise, en mai 2015 (au Théâtre 95) et mai 2016 (à Courdimanche) les membres de projets et réalisations locales ont témoigné de la variété des expériences.
On a pu ainsi s’informer sur des lotissement de maisons particulières comme (projet du Champ Foulon à St Cyr en Arthies et la réalisation des années 80 le Yapluka à Jouy-le-Moutier). Pour les logements intermédiaires, il y a le (projet Atonix à Courdimanche et l’ensemble de "l’Habitat" à Jouy-le-Moutier qui vient de fêter dignement ses trente ans... Tous respectent l’intimité du logement privatif mais partagent des annexes : c’est pourquoi on parle alors d’habitat groupé participatif.
Ils étaient déjà venus témoigner à Pontoise en novembre 2013 à l’occasion d"une réunion publique organisée par les écologistes cergy-pontains. (article ici).
Et à Pontoise ?
Avec ses mixité et densité négociées, adaptées et consenties par les futurs habitants l’habitat groupé participatif génère une qualité d’habitat propice à l’épanouissement de tous. Approprié avant même sa sortie de terre par les habitants, il favorise leur investissement durable dans le quartier où il s’inscrit et contribue à sa valorisation tant sociale qu’immobilière.
Comme le prouvent les expériences réalisées, souvent écologiques intergénérationnelles, sociales et solidaires une opération d’habitat groupé participatif procède bien d’un « développement urbain durable », et pour les quartiers dévalorisés, d’un véritable « renouvellement urbain ».
Ne désespérons par que notre Ville en plein développement (dans sa ZAC Bossut et sa zone gare) et en pleine reconstruction de la Ville sur la Ville (dans ses quartiers modernes et anciens) s’intéresse enfin à cette façon différente d’urbaniser et de construire.