Législatives 2017 : débat des gauches à Pontoise - les défis écologiques

samedi 8 avril 2017
par   Pontoise Ensemble
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Cinq candidats de gauche ou leur représentant étaient réunis le 16 mars au hall Philippe Hémet à Pontoise, la grande ville de la 1re circonscription du Val d’Oise, pour débattre de leurs propositions autour de quatre thèmes prédéfinis. L’association citoyenne Pontoise Ensemble voulait ainsi faire apparaître les convergences et les différences des candidats déclarés aux élections législatives. Bénédicte Ariès (EELV), Sandra Nguyen Derosier (PS) Brigitte POLI (PC) sont désignées comme candidates et en l’attente de désignation, François Ernst (EM), Julien Foucou (PG / La France Insoumise) représentaient leur mouvement.

Question : Quelles adaptations sont nécessaires pour parer à l’aggravation des pollutions et du réchauffement climatique, pour anticiper leurs conséquences environnementales ?

Tatiana Gründler, qui animait le débat, en constatant que l’écologie est importante dans les divers programmes, lança cette formule : « tout le monde est-il devenu vert ? ». Les interventions ont abordé la transition énergétique, puis agricole et le débat avec la salle s’est enflammé.

Transition énergétique : oui, mais quand et comment ?

L’accord était presque unanime pour baisser la part du nucléaire à 50 % du mix énergétique français pour 2025, avec la progression du recours aux énergies renouvelables.
Julien Foucou en prenant l’exemple des iles Orcades se déclarait pour 100 % d’énergies renouvelables en 2050 avec sortie des énergies fossiles et du nucléaire, grâce à l’éolien, à la géothermie, aux hydroliennes et barrages ainsi qu’au photovoltaïque. François Ernst contestait la possibilité de sortir à 100 % du nucléaire en 2050. Bénédicte Ariès soulignait que l’horizon 2050 pouvait se préparer comme le propose le scénario Négawatt, émanation de spécialistes crédibles sur la question énergétique. François Ernst liait également la fermeture de Fessenheim à la mise en route de la super centrale EPR de Flamanville, et programmait celle des centrales à charbon en 2022 avec l’objectif de doubler la production éolienne et photovoltaïque en 2022.

Pour Brigitte Poli, favorable aux énergies renouvelables sans s’être explicitement prononcée sur la sortie du nucléaire, « il faut rénover thermiquement la totalité des bâtiments » et promouvoir « le transport des marchandises par le rail et par les voies navigables ». Elle concluait sur « nous voulons un nouveau modèle agricole ».
Sandra Nguyen a cité l’association Vexin Insertion Emploi qui insère et forme par les travaux de rénovation énergétique. Pour elle, « la transition énergétique pour un avenir durable c’est quelque chose que nous partageons tous et il y a interpénétration de toutes les problématiques et de tous les domaines ».

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Transition écologique : privilégier l’agriculture de proximité

Les points de vue convergeaient dans l’évocation des liens entre ville et campagne, de l’intérêt des circuits courts et le besoin de penser autrement les cantines. Il faut les fournir en bio, "à 100%" pour Julien Foucou qui parle "d’interdire les pesticides dans le Parc National Régional du Vexin français", "en donnant la priorité au local" pour François Ernst. Cela implique donc de changer les modes de culture, (l’Ile de France n’étant auto-suffisante qu’en salade). Bénédicte Ariès soulignait que « les cantines, ça nourrit les enfants mais ça peut aider aussi à améliorer l’environnement » et parlait de « ceinture d’agriculture biologique autour des villes et des villages pour nourrir mieux et protéger l’air, l’eau et la santé ».

Sandra Nguyen évoquait Courdimanche qui a déjà réussi à avoir une crèche à 100% bio. Elle soulignait qu’il y aura beaucoup de départs en retraite d’agriculteurs dans les prochaines années, et que son programme prévoit d’aider les jeunes agriculteurs qui veulent faire du bio. Enfin Bénédicte Ariès évoquait l’association et la Foncière Terre de Liens qui s’occupent de la protection des exploitations contre l’urbanisation et du renouvellement des pratiques agricoles.

Le débat avec la salle fut à cette occasion très animé sur les questions de terres agricoles et de politique énergétique :

Que pensez-vous du projet d’Europa City, destructeur de terre agricole ? (*)

Julien Foucou, Brigitte Poli et Bénédicte Ariès se déclaraient contre ce projet :« nous menons la bataille contre ce projet (ndlr de centre commercial sur des terres agricoles près de Roissy) depuis le début - il y avait même une piste de ski de prévue ! » (JF) ; c’est un « projet démentiel » (BP) ;« si le grand projet inutile c’est Europa city dans le Val d’Oise, il y a le même à Nantes, c’est l’aéroport de Notre Dame des Landes ; l’Etat impose ces projets comme il force les projets de loi à l’Assemblée Nationale avec le 49-3 ». (BA).

Moins opposé, François Ernst demandait de considérer également l’argument des emplois, comme Sandra Nguyen qui parlait « de développer les centres commerciaux de manière concertée et maitrisée : s’il y a beaucoup d’emploi en jeu, l’important c’est de co-construire ». Cela dit elle citait un projet annulé sur Persan. Brouhaha dans la salle qui évoquait le débat public et le Collectif pour le triangle de Gonesse, en pointe sur le conflit à propos d’Europa City. (lien CPTG)

Poser la question des valeurs de gauche, c’est celle du bilan du quinquennat. Si on prend l’exemple de la fermeture non réalisée du site nucléaire de Fessenheim, quelle est la crédibilité des candidats ? (*)

Sandra Nguyen constatait que tout le monde parle des promesses non tenues mais qu’« il faut aussi regarder ce qui a été fait ». François Ernst rappelait qu’ « avoir un objectif raisonné et raisonnable c’est le moyen le plus sûr de respecter ses engagements ». et il posait la question : « la fin de 100 % du nucléaire, est-ce possible ? ». Les réponses ont fusé de la salle.« On a fait du nucléaire, du coup on ne sait pas faire autre chose : il faut déconcentrer la production d’énergie avec de petites unités partout sur le territoire ». « le nucléaire, c’est avant tout une question de volonté politique ; le nucléaire c’est aussi la question des déchets et celle des mines d’uranium en Afrique. » Un dernier évoquait "le démantèlement du service public et la privatisation des barrages" et concluait « Quand on met EDF au CAC 40, on ne se donne pas les moyens de faire la transition. »

Toutes ces réactions démontraient la sensibilité des candidats comme celle de la salle sur le sujet des défis écologiques et leur crédibilité sur les réponses apportées.

(*) Questions de la salle

Pour en savoir plus :

Association NEGAWATT

Collectif pour le Triangle de Gonesse - CPTG - Site officiel - Non à Europa City

TERRE DE LIENS ÎLE-DE-FRANCE

VIE (Vexin Insertion Emploi)