La décision de la majorité du Conseil municipal de Cergy lors de sa dernière séance d’autoriser l’ouverture du centre commercial des 3 Fontaines (rénové et agrandi) tous les dimanches à partir d’avril 2020, voeu très cher du groupe Hammerson, suscite controverses et débats. Elle donne notamment lieu à une pétition initiée par le collectif Cergy-pontain "Ce qui est petit est grand" qui rencontre un certain succès... Cf. le lien vers cette pétition.
Ce débat est parfaitement légitime.
Dans la fuite en avant vers un modèle économique ultra libéral que cherchent à accélérer les grands groupes de distribution, la banalisation du travail du dimanche mène droit à la remise en cause du repos hebdomadaire, quel qu’en soit le jour. Le travail en continu, tous les jours (bientôt la nuit ?), c’est bien le rêve de cette "société 24h/24h" qu’ils prônent pour le bien de leurs actionnaires, sans égard pour de vieilles normes qu’on se propose de faire sauter les unes après les autres et dans une indifférence assumée aux coûts écologiques de tels dispositifs.
Un rêve qui menace de devenir un cauchemar.
Déjà, les salariés de la grande distribution n’ont pas les moyens de s’opposer à la volonté des employeurs de les faire travailler le dimanche. De plus en plus souvent, au moment de l’embauche, on leur demande s’ils sont prêts à sacrifier leur dimanche. Et chacun sait qu’il vaut mieux ne pas répondre "non", pour décrocher l’emploi. Bien sûr, le travail du dimanche est mieux payé que les autres jours, mais c’est précisément ce qui permet d’esquiver la question des salaires de base insuffisants, notamment dans le secteur du commerce.
L’ouverture chaque dimanche des 3 Fontaines porterait à l’évidence un nouveau coup terrible au petit commerce de proximité dans les 13 communes de l’agglomération. Pour une raison :elle crée une nouvelle concurrence inégale non seulement pour les petits commerces qui ouvrent le dimanche matin, mais aussi pour les autres, qui seront victimes d’une captation de clientèle. Il y a en effet impossibilité pour les petits unités commerciales de "suivre", face à des grands magasins qui ont, eux, les moyens, d’ouvrir 7 jour sur 7. Les magasins de taille modeste, tenus personnellement par les gérants, avec souvent des horaires de travail exténuants, sont, eux, contraints par la force des choses à fermer un jour par semaine, à moins de sacrifier toute possibilité de repos. N’ayons aucune illusion : ce coup de massue infligé aux petits commerces tuera aussi des emplois.
Climat, vous avez dit climat ?
Mais il y a un autre aspect à ce débat : ces centres commerciaux climatisés, démesurés dans l’espace comme dans le temps, sont également formidablement énergivores. Surconsommation électrique. plus de gaz à effet de serre relâchés dans l’atmosphère, incitation à prendre sa voiture pour se rendre dans le centre (doté de places de parkings supplémentaires), etc..
Question : ce projet a-t-il seulement fait l’objet d’une étude préalable sur le coût écologique de l’ouverture chaque dimanche d’un centre de la taille de celui des 3 Fontaines ?
Ainsi, protester et lutter contre la décision d’ouvrir tous les dimanches les 3 Fontaines, c’est tout à la fois défendre le commerce de proximité dans les centres des 13 communes de l’agglomération et leurs différents quartiers, promouvoir une certaine idée du lien social, les emplois de proximité, une ville plus humaine, et... les économies d’énergie.
Défendre la qualité de la vie
L’avenir, s’il doit être meilleur, ce sera la sobriété, la convivialité, un localisme intelligent, certainement pas la fuite en avant vers le "toujours plus, toujours plus vite, toujours plus grand".
Alors, sans se laisser impressionner par les "arguments" massue des adorateurs du travail systématique les dimanches ("c’est inéluctable, vous ne vivez pas avec votre temps", etc.) disons calmement mais fermement "non" aux fanatiques du gigantisme bétonné (et climaticide), qui, si on les laisse faire, seront aussi les démolisseurs du commerce de proximité.
Les commerces de Pontoise étant très étroitement concernés et menacés par la décision hautement contestable du Conseil municipal de Cergy, il appartient à la municipalité de Pontoise et à son maire de faire entendre vigoureusement la voix des commerçants et des habitants de Pontoise au sein de l’agglomération.
En attendant, pesons de toutes nos forces, notamment en signant massivement la pétition du CQEPEG, pour que le Préfet de la région île de France, dernier recours possible, prenne la décision de refuser ce projet nocif à tous points de vue.
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