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3 Fontaines : des enjeux multiples, un débat légitime.
intervention au débat du 30 septembre
Didier Peyrat

mercredi 1er octobre 2008
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Un projet pour les 3 Fontaines ? Oui. Mais quel projet exactement ?
A lire un document de travail qui a circulé parmi les élus de la CAPC, il est question d’augmenter de 30.000m2 la superficie, de créer un millier de places de parkings et de nombreux magasins supplémentaires. Rappelons que le centre des 3 Fontaines est déjà classé 15éme de France par le nombre d’enseignes, et 16e par la superficie. Cependant actuellement des chiffres différents circulent, lesquels changent du tout ou tout la nature du projet. Par exemple, on parle parfois de 40 magasins supplémentaires, parfois de 102 magasins supplémentaires ! On évoque tantôt 1100 places de stationnement supplémentaires, tantôt 2000. Mais dés novembre 2007, le groupe Hammerson parlait bien dans la presse « d’extension » et non seulement de « rénovation ».
Le député-maire de Pontoise, P. Houillon a déclaré en conseil municipal attendre une « étude d’impact » pour fixer sa position. Je ne sais pas qui procède à cette étude d’impact et selon quels critères. Mais une question de méthode se pose : comment évaluer l’impact d’un projet dont il est expliqué par par ailleurs qu’on ne peut le communiquer… parce qu’il n’est pas encore déterminé ?


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Pourquoi un débat public maintenant ?

Ces travaux seraient prévus pour se dérouler de 2011 à 2013. Cela laisse un temps raisonnable pour en discuter, à condition que le débat commence tout de suite. Reste que le projet n’est pas achevé, qu’il n’a pas encore été transmis à la commission départementale, ni encore fait l’objet d’une enquête publique. Mais l’argument selon lequel tant que le projet complet n’est pas finalisé par ses promoteurs, tout débat à son sujet serait prématuré, est irrecevable.
C’est bien maintenant que les Cergy-Pontains doivent s’emparer de ce dossier : avant qu’il ne soit trop tard et qu’on nous explique que tout est ficelé. La première exigence d’un débat, si on le veut, c’est que ses initiateurs rendent enfin public le projet, ou ses variantes. Et qu’un temps suffisant soit laissé entre la communication publique du projet, et le moment de sa validation par les institutions locales concernées.
En 2013, un nouveau centre commercial émergera. A l’échelle temporelle d’une ville, c’est après-demain. Ensuite, il faudra vivre avec pour 10, 20 ans ou 30 ans. Personne ne doute des capacités du groupe Hammerson en terme de communication pour « vendre » son projet, une fois qu’ils l’auront « ficelé ». Ils auront les savoir-faire, l’agence de communication et l’argent pour. Mais ne confondons pas démocratie citoyenne - laquelle suppose un minimum de contradictoire en amont - et promotion à sens unique de projets déjà ficelés.
Attendre que le projet soit officialisé pour tenter de l’empêcher ou de l’amender, c’est risquer que le projet passe sans vrai débat, et pour longtemps, dans la réalité.
Voilà pourquoi nous voulons un débat, tout de suite, et un débat public, pas un conclave entre experts.


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Des inquiétudes légitimes
Bien sûr, les arguments en faveur du projet ne peuvent être écartés d’un revers de la main. Il y a d’ailleurs une petite contradiction entre argumenter pour ce projet, et dire que le débat est prématuré parce qu’il ne s’agit que d’un brouillon, mais passons. On entend des références aux créations d’emplois aux rentrées fiscales, un souci affiché de la Haute qualité environnementale, qui ne laisseront personne indifférent, si elles sont étayées. Mais les doutes ne doivent pas être pris de haut, avec une sorte d’arrogance technocratique et la certitude d’avoir raison.
Reprenons successivement les motifs d’inquiètudes. Ceux-là même qui justifient, non pas forcement de partir en guerre contre un projet inconnu, mais au minimum l’ouverture d’un grand débat citoyen, dans l’agglomération.

Grands et petits commerces : pots de fer contre pots de terre ?
Oui, on peut redouter que le commerce de proximité ne soit asphyxié, notamment dans les quartiers. Or les commerces de Pontoise sont déjà confrontés à la concurrence proche de nombreuses plate formes multi commerces : Leclerc (à Osny, Saint Ouen l’Aumône et Eragny), L’Oseraie, Art de vivre et les 3 Fontaines à Cergy.
Comme l’avait fait remarquer Alain Richard lors du débat sur l’adoption d’une charte commerciale en février 2007, le marché de la consommation n’est pas extensible à l’infini : les commerces de proximité seront percutés par le développement d’un très grand centre commercial (après extension, probablement dans le « top 10 » des centres français). Ils auront bien du mal, tant sur les prix que sur les horaires d’ouverture, à résister à une telle concurrence installée en plein cœur de Cergy, et dont l’accès sera facilité par des aménagements routiers. Surtout à l’heure de la baisse du pouvoir d’achat. On peut se raconter des histoires, mais une extension pharaonique des 3 Fontaines aggraverait une tendance lourde, déjà à l’oeuvre depuis des années dans l’agglomération, au déclin du petit commerce. Un exemple parlant : on parle de diversifier l’offre, en attirant des enseignes prestigieuses qui ne sauraient faire concurrence au petits commerçants des communes avoisinantes… Mais il est question de faire passer la superficie d’Auchan de 13000 à 16000 m2… Ce serait sans impact sur les superettes de quartiers ou de centres ville ? Autre exemple : quelle sera la place du commerce de proximité dans le futur quartier Bossut, si celui-ci voisine avec un Hyper Centre comprenant 250 unités commerciales et qu’une opportune passerelle est jetée sur l’A 15 pour que ses habitants s’y rendent facilement ? Enfin, et peut être surtout, qui nous dit qu’on ne va pas entrer dans une spirale de concurrence inter-centres ? Croit-on que le centre de l’Oseraie va rester l’arme au pied ? Ne va-t-il pas justifier, à son tour, sa propre extension pour risposter aux extensions de Leclercq à Osny (déjà faite), puis à celle des 3 Fontaines ?


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Ecologie et hypers centres
Deuxième inquiétude : les centres géants, par leur configuration, et souvent leur localisation, encouragent le « tout bagnole » et sont désormais fortement contestés du point de vue de leur impact écologique. Quand on observe qu’il est envisagé de créer 1100 places de stationnement supplémentaires dans le centre rénové (voire 2000 places, selon un document installé sur le site du groupe Hammerson), il est difficile de croire que l’une des conséquences de son agrandissement ne sera pas l’augmentation des flux de circulation automobile. Certes, nous savons qu’une partie de la clientèle du centre utilise les transports en communs pour se rendre au centre (principalement des habitants de Cergy Saint Christophe et Cergy Le Haut), mais l’objectif est bien de créer un centre « à vocation régionale », donc d’y attirer des Val d’Oisiens en voiture. Des aménagements routiers substantiels seront d’ailleurs opérés : on évoque un montant de 100 millions d’euros pour reconfigurer bretelles et voies d’accès, à la charge de la CAPC semble-t-il…
A l’heure de la raréfaction du pétrole, de l’essence très chère, et du Grenelle de l’environnement, est-ce bien raisonnable ?

Quelle villes, dans quelle agglomération ?
Troisième débat : la configuration urbaine dessinée. Certes, les 3 F sont installées au centre de l’une des communes : Cergy, dans le quartier de Cergy Préfecture, premier quartier de la ville nouvelle.. C’est un fait, et une histoire. Mais quelle agglomération voulons-nous ? Multipolaire, respectueuse de l’identité, du développement économique et des besoins des habitants des 12 communes qui la composent, ou centralisée autour d’une « capitale » de fait ? Ne sommes nous pas en train de dessiner sans nous en apercevoir une autre agglomération, dont personne n’a discuté, que personne n’a vraiment voulu, mais qui sera, dans 20 ans la seule réelle : une agglomération dans laquelle il y a Cergy, et puis… des ramifications de Cergy ? 
L’enjeu, ce n’est pas seulement un chiffre d’affaires : l’enjeu c’est aussi la qualité de la ville, c’est-à-dire la qualité de la vie.

Sortir du schéma binaire pour ou contre la rénovation
Les 3 Fontaines ont été ouvertes en 1972. Une première rénovation a eu lieu en 1996-1999. Que le centre ait besoin d’une modernisation, d’un rafraîchissement, d’un aménagement intérieur éliminant les zones anxiogènes, voire d’une recomposition de l’offre (nouvelles enseignes) est possible.
Mais une modernisation à périmètre constant ou quasi-constant est tout à fait envisageable et discutable. Ce qui pose problème, c’est l’extension, l’expansion, le changement d’échelle du centre commercial pour le faire rivaliser avec les Quatre temps (La Défense), premier centre Français. L’alternative n’est pas : soit le statu quo, puis l’effondrement et la fermeture du centre, soit un agrandissement colossal qui bouleversera la donne commerciale et urbaine dans l’agglomération.
Mais voilà : « rénover », ce n’est pas automatiquement « agrandir ». Un débat citoyen pourrait faire émerger une variété d’options, qui nous feraient sortir du faux dilemme dans lequel on veut nous enfermer..

Conclusion

Pour finir, je voudrais faire observer, ce n’est pas un détail, qu’on peut parfaitement soutenir le projet d’extension des 3 F (si on estime le connaître), et être quand même favorable à l’organisation d’un référendum ou d’une consultation locale. Même ses promoteurs pourraient considérer que leur projet pourrait s’amender et s’enrichir, en se prêtant au feu d’une confrontation pacifique et civique, comme celle de ce soir.
En revanche, un projet qui donnerait l’impression de passer en force ou en catimini aggraverait la défiance entre citoyens et élus, citoyens et experts. Qui peut y avoir intérêt ?
Enfin, j’ajouterai un argument lié à l’actualité : A l’heure de la crise financière qui est en train de passer de l’Amérique à l’Europe, est ce qu’on peut émettre un doute sur le bien fondé de projets fondés sur l’acceptation du gigantisme urbain et de la grande distribution capitaliste ? Est ce qu’il n’y a pas des investissements plus urgents, plus sociaux et plus durables ? Que ferons nous de ces hyper centres pourvus d’immenses parkings dans 10, 20 ans ? Quelles villes sommes-nous en train de bâtir, au ralenti ? Les seuls monuments architecturaux dont nous serions capables, ce seraient ces cathédrales de béton dédiées au culte de la consommation sans frein, et peut être, un jour plus proche qu’on ne le croît, vides, inoccupées ? Sauf qu’en attendant nous aurons détruit ce que nous avons encore, aussi précieux que fragile : une qualité de la vie, une proximité, au profit de modes de consommation et de déplacements pour consommer parfaitement déraisonnables.
Arrêtons de tirer des chéques sans provision sur l’avenir de nos enfants. Il y a une logique de fuite en avant dans le gigantisme bétonné qui peut, et doit être discutée, avant qu’il ne soit trop tard. C’est aussi pour cela que nous voulons ce débat.

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