Si les vécus étaient divers, les avis ont convergé sur l’importance des relations interpersonnelles entre élèves, entre jeune et professeurs ou adultes intéressés, entre jeunes et parents. Ils convergeaient aussi sur l’inutilité des réponses toutes faites et le caractère illusoire du gavage de connaissances.
Si beaucoup de jeunes ont des difficultés pour intégrer la vie active, c’est encore plus difficile pour certains qui butent dès l’étape préliminaire de l’Education nationale. Celle-ci constate le « décrochage scolaire » quand un jeune arrête ses études avant d’obtenir un diplôme à partir de 16 ans. Mais le problème a ses sources bien avant avec le malaise scolaire dès la maternelle parfois ou le primaire souvent puis avec l’absentéisme effectif ou intellectuel au collège. Il est aussi bien réel au niveau des études après le baccalauréat où trop de jeunes abandonnent leur projet initial. .
Une priorité affichée
Pour l’Education Nationale, la lutte contre le décrochage scolaire, est devenue une priorité. On parle de 110 000 jeunes qui sortent du système en 2016 contre 136 000 il y a 5 ans et 200 000 il y a 15 ans (INSEE 1995). C’est un progrès, mais le chemin est long.
L’objectif est de réduire le nombre de jeunes sortant sans qualification du système éducatif et de faciliter le retour vers l’école des jeunes ayant déjà décroché. L’accent est mis sur la persévérance scolaire et sur la prévention du décrochage. Cela passe aussi par la mobilisation des partenaires, collectivités territoriales et autres instances.
Un impératif contemporain
Si autrefois l’accès au monde du travail était plus facile, même sans formation, aujourd’hui les conséquences du décrochage peuvent devenir dramatiques pour certains jeunes de 16 à 25 ans : déclassement social, chômage, marginalisation dans la société. C’est à tout moment du processus éducatif qui faut éviter au jeune la perte de l’estime de soi et de ses capacités d’évolution, source de presque tous les décrochages.
C’est reconnu aujourd’hui comme un problème de société, mais on n’y prépare pas suffisamment les professeurs même si les causes sont complexes. Comme l’ont prouvé les témoignages de la soirée, si l’école est manifestement inadaptée à certains profils elle doit aussi faire avec les questions d’insertion angoissante pour les jeunes, avec les problèmes de mauvaise orientation, de solitude, de racisme, de pauvreté. On peut y ajouter l’onde de choc de la crise économique et sociale, de l’insécurité et de l’état d’urgence auxquels nous sommes tous confrontés et à son impact sur les jeunes qui affecte gravement le vivre ensemble de notre société.
Nous rendrons compte de cette table ronde en plusieurs articles sur le mois de Novembre :
2/ Décrochage scolaire : Qui sont les décrocheurs ?
3/ Décrochage scolaire : Quel raccrochage ?
4/ Décrochage scolaire : Quelles réponses de l’Education nationale ?
5/ Décrochage scolaire : Quel rôle pour la société hors éducation nationale ?
6/ Décrochage scolaire : Nouvelles pistes d’action ?