La question de Solveig Hurard
"Lors du dernier conseil municipal, vous avez Monsieur le Maire, annoncé aux membres du conseil que l’ARS avait terminé le diagnostic concernant la couverture médicale à Pontoise. Est-il possible d’en connaître les conclusions détaillées ? Par ailleurs où en est le travail de la commission en charge d’étudier la question ?"
Le texte d’une "Question orale" doit être adressé en mairie 48 heures avant le conseil municipal. Ce délai a pour objectif de permettre une réponse circonstanciée et publique de la majorité en place.à une interrogation précise d’élus minoritaires.
L’intégralité du texte et de la réponse seront transcrits dans le procès verbal du dit conseil qui sera approuvé au conseil suivant puis publié sur le site de la Ville.
Un diagnostic non finalisé
Philippe Houillon a répondu que si l’Agence régionale de santé (ARS) avait diagnostiqué, ce n’était pas le cas de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) qui doit répondre "avant la rédaction d’un diagnostic complet". Il est vrai que l’ARS ne peut guère que constater et analyser la population médicale en place alors que l’URPS est habilitée à interroger ses adhérents sur leurs projets d’installation, de déménagement, de retraite.
La démographie médicale
Le maire a rappelé que "le constat diffère" selon qu’on étudie la population de médecin généraliste ou celle de médecin spécialiste, le cente-ville ou les quartiers d’habitation. Le renouvellement des médecins spécialistes n’inquiète guère à Pontoise au contraire de celui des" médecins généralistes, vieillissants et appelés à assez court terme à prendre leur retraite".
En poussant l’analyse au dessous du niveau ville de Pontoise, (pour lequel il n’y a encore rien d’inquiétant) le Maire constatait déjà que la demande de médecine générale de proximité est beaucoup plus pressante hors centre-ville, et particulièrement dans le secteur du plateau des Louvrais Cordeliers, où vient de se fermer un cabinet médical pour retraite de l’un et déménagement des trois autres. Pontoise Ensemble rappelle que les difficultés étaient récurrentes avec la copropriété : quelques habitants ne supportaient plus que l’immeuble ne soit pas cadenassé à toute heure pour permettre l’accès aux patients.
Pour Pontoise Ensemble enfin la féminisation du corps médical est aussi un facteur démographique à prendre en compte. La DREES estime que plus de 50% des médecins en exercice en 2022 seront des femmes, contre 42% en 2013.
Maison de santé ou Centre médical municipal
A la difficulté d’exercer dans un immeuble en copropriété à dominante d’habitation, s’ajoute le changement de voeux professionnels des jeunes générations de médecins. En effet la féminisation croissante de la médecine a favorisé une prise de conscience de l’ensemble de la profession : les médecins ne travailleront plus dans les mêmes conditions que les générations antérieures et rejettent en bloc l’idée d’une disponibilité permanente, d’astreintes et leur conjoint.e n’imaginent plus de les assister en tant que secrétaire.
Les analyses sociologiques convergent toutes sur le fait que les jeunes médecins ne veulent plus travailler seul, isolé dans le cabinet privé, face aux demandes grandissantes d’une patientèle qui ne connaît qu’un seul docteur pour l’accompagner de l’enfance au grand âge, voire très grand âge. Ils.elles sont en demande de travail d’équipe pluridisciplinaire, coordonné avec les professions paramédicales notamment.
C’est ce que peut leur apporter à minima le fonctionnement en "maison de santé" qui réunit sous le même toit divers praticiens libéraux. Certaines communes de l’agglomération avaient déjà pris conscience de cette demande au moment de la construction de quartiers neufs dans les années 1970. Elles avaient alors encouragé l’installation de ce qu’on appelait un "centre médical" comme aux Bruzacques à Jouy-le-Moutier. Ce ne fut pas le cas à Pontoise et les cabinets de quelques praticiens n’ont pu que se glisser dans les immeubles d’habitation.
Cependant, la demande croissante des jeunes praticien.ne.s en médecine est plutôt l’abandon de l’exercice libéral pour un exercice salarié. Cela leur permet d’alléger les charges administratives, de faciliter le partage du travail et de sauvegarder le temps de la vie privée. Ce n’est jamais que la reconnaissance du fait que tout praticien sans dépassement d’honoraire est payé par la Sécurité sociale. Autrefois on appelait "dispensaires" des structures médicales non hospitalières dispensant des soins sans que le patient ait à faire l’avance du règlement de la Sécurité sociale.
Pontoise Ensemble souligne qu’on en trouve encore dans quelques communes volontaristes comme Nanterre, Bagneux, Argenteuil, Malakoff, Pantin... qui ont à coeur la santé publique dans leur ville. On les appellent maintenant Centre municipal de santé (CMS), , Ils peuvent accueillir des médecins généralistes, des infirmiers, des kinés, un planning familial et un centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI). Pontoise Ensemble constate qu’il n’y a ni dispensaire généraliste ni CMS à Pontoise. L’offre non libérale de soin est à l’hôpital ou dans les divers centres de PMI. On peut ajouter à cette liste le Planning familial 95 qui est depuis 50 ans dans la tour bleue. Enfin pour compléter ce panorama des soins spécialisés sans avance du règlement sécurité sociale à de proximité de Pontoise, sur l’agglomération, il n’existe qu’un centre dentaire mutualiste à et une maison de l’adolescent PassAge, l’un et et l’autre à Cergy à proximité de la préfecture ou du centre commercial des Trois Fontaines.
La commission "couverture médicale à Pontoise"
Le Maire a invitée Madame Hurard à se joindre aux travaux de quatre élus municipaux (Mme de Bourmont, MM Siou, Ernst et Morcello) qui composent la commission dédiée à l’évolution de la couverture médicale à Pontoise. Il en a profité pour répondre publiquement à M. Ernst qui avait demandé par courrier le sens de la déclaration à la presse du directeur de l’hôpital : "vivement une maison médicale dans l’enceinte de l’hôpital ! Cela soulagera les urgences". Le Maire a souligné qu’il fallait "presser" l’hôpital pour qu’il demande l’évaluation des domaines pour les locaux inoccupés affectables à ce projet !
Les quatre hypothèses étudiées
Tout en expliquant à Mme Hurard qu’un CMS était bien trop coûteux pour la commune le maire a listé les quatre pistes étudiées quoique ne dépendant pas vraiment de la Ville pour faciliter l’installation de médecins généralistes sur le plateau des Louvrais Cordeliers.
Il venait de recevoir un jeune médecin à la recherche d’un lieu d’implantation,
les délais de mise en oeuvre semblent bien longs pour installer une maison de santé (libérale) dans l’enceinte de l’hôpital (public) que ce soit dans les locaux déjà désaffectés ou dans ceux que libèrerait le plan immobilier ,annoncé pour novembre prochain.
Une maison de santé pourrait être installée sur une partie des locaux du Carrefour Contact qui vient de fermer. Cependant le bail "n’a pas été résilié". Ces locaux, face à l’église des Louvrais, sont de fait un peu grands pour un supermarché de proximité. Il y a 1000 m2 en surface et 1500 en sous-sol !. Ce serait alors au propriétaire de faire les travaux de division et d’aménagement et de trouver des locataires complémentaires aux médecins libéraux.
pour aller plus loin :
http://www.liberation.fr/france/2017/10/10/la-feminisation-de-la-medecine-en-pleine-sante_1602155
projection de démographie des médecins généralistes
définition des centres de santé sur le site du ministère :
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