Je suis une cycliste avertie, je vais travailler tous les jours à vélo et je connais le parcours qui me mène chaque matin à l’école. Pour mon bonheur, il est presque plat, pour mon malheur il n’est pas éclairé de nuit (c’est-à-dire qu’on n’y voit goutte une bonne partie de l’hiver) et que rien n’a été envisagé pour les doudingues de la circulation douce comme moi.
Donc, m’en revenant vers 19h des Marradas en passant par le parc des Larris (éclairage zéro hormis ma faible loupiotte), puis par le chemin de la Pelouse (le long de l’Oise, merci le stade de foot de St Ouen qui illumine un peu cette route), je débouche sur le quai Bucherel. Et c’est là que ça devient vraiment délicat, parce qu’en cas de chute, pas de pardon , ce n’est pas le nez sur le bitume ni sur dans la boue, c’est voiture contre vélo, et je sais, parce que quelques-uns ne s’en sont pas remis, que c’est ma cause qui sera perdue.
Alors je ne m’aventure sur la chaussée, ni sur la droite, parce que les automobilistes vont aller vers St Ouen , ce qui n’est pas ma direction et que lorsque je voudrai continuer tout droit elles vont immanquablement me passer dessus ou me klaxonner avec force quand je voudrai aller tout droit (j’espère que vous me suivez ..., mais dans ce cas, faites attention à vous !), ni entre ces dernières et celles qui se dirigent vers Auvers, parce là, ne me suivez surtout pas, entre deux files de voitures, ce n’est pas la place d’un cycliste, sauf suicidaire).
J’ai donc opté depuis presque toujours pour le chemin des piétons, (que je respecte infiniment, et avec lesquels je me sens beaucoup plus en sécurité). Cette partie du quai est actuellement en travaux (depuis la rentrée scolaire et à n’en pas douter jusqu’à la fin). Y sera édifiée, un jour, l’office du tourisme de l’agglomération, et peut-être un passage pour les piétons qui pourront à nouveau contempler l’Oise, mais sans les arbres qui la bordaient, des deux côtés. Les arbres, attention, c’est toxique !
Les piétons peuvent emprunter un passage d’un mètre de large conforté d’un côté par un grand panneau d’information, de l’autre, par une barrière de tôle d’un mètre de haut environ.
Donc dans ledit passage, je me glisse (si l’on peut dire car ce n’est pas de tout confort) dans les trous, sur les bosses, sur le côté des poteaux électriques qui partagent ce chemin, jusqu’au pont qui mène à Saint-Ouen l’Aumône.
Le feu étant vert pour les voitures qui vont dans ma direction, je m’engage sur la voie.
Las, lorsque je débouche de mon espace protégé, une voiture tourne au même instant vers Saint-Ouen, ce qu’elle est en droit de faire. L’automobiliste ne m’a pas vue par malchance pour lui, car ayant une seconde d’avance sur moi, lorsque je heurte son véhicule, il est en face de moi. Mon vélo réagit impeccablement, ma roue se rabat, mais se faisant heurte, aïe aïe aïe, le pare-choc du véhicule, le faisant sortir de ses gonds. La voiture est bien endommagée !
Panique !
L’automobiliste, affolé, stoppe et sort de sa voiture. Il est très inquiet, pour moi, car c’est un homme civil. Mais moi je suis indemne, mon vélo aussi. La police, qui passe sur les lieux, s’inquiète également de mon intégrité physique.
Mais que se serait-il passé si la voiture était passée une seconde plus tard et m’avait , elle, percutée ?
Je ne serais pas là ce soir pour vous raconter mon histoire. Même pas un fait divers dans les journaux locaux (testé aux dépends d’un malheureux renversé en janvier sur le plateau St Martin ).
M. Houillon, il est bon d’afficher un programme vélib’ à la mode Pontoise. Mais quand les cyclistes, de plus en plus nombreux pour des raisons écologiques ou économiques, pourront-ils enfin se risquer sur la chaussée de notre bonne ville en relative sécurité ?
Anne Flipo
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