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Dimanche : Ouverture pour les uns, fermeture pour les autres ?

samedi 6 décembre 2008
par  Didier Peyrat
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Que signifie la proposition de loi actuellement débattue au parlement, et qui met en cause le repos dominical ? Y-a-t-il un rapport avec les tentatives de généraliser l’ouverture des magasins le dimanche ? Quelles conséquences cela entraînera-t-il pour les petits commerces de proximité ?

Dans le Val d’Oise, l’UMP Axel Poniatowski, a fait connaître son soutien à cette mesure. Il est vrai qu’avec Yannick Paternote, il est co-signataire de la proposition de loi de Richard MALLIÉ « visant à définir les dérogations au repos dominical dans les grandes agglomérations, les zones touristiques et les commerces alimentaires »...

On sait que 46 députés de l’UMP, derrière Marc Le Fur, ont fait connaître, avec vigueur, leur opposition à cette proposition de loi, semble-t-il soutenue par le gouvernement. Un argument principal : « l’ouverture du dimanche va tuer... la vie de famille » ! Un argument secondaire : le dimanche est un moment de « rencontre sociale et familiale ».
Mais, en face des ultra-libéraux de l’UMP, n’y aura t il qu’une opposition conservatrice et un peu caricaturale à cette proposition de loi ?

On peut soutenir que l’évolution de notre société va vers la banalisation du dimanche, qui deviendra un jour travaillé comme les autres. Aprés tout, est-ce un drame ? Les dimanches parfaitement sinistres, où l’on aimerait bien se heurter à autre chose qu’à des villes mortes, cela existe. Les mercredis où l’on voudrait lire et rester à la maison aussi.
Des modes de vie nouveaux émergent, le rapport au temps des individus se modifie.
Se cabrer contre ces évolutions, en défense d’une conception surannée de la vie de famille, présentée comme un acquis de « civilisation », n’est-ce pas le meilleur moyen de perdre cette bataille ?

Car c’en est une, effectivement. Et d’importance. Mais il y a en réalité bien d’autres motifs de s’opposer à ce projet. En effet, la généralisation du travail le dimanche, dans le contexte capitaliste actuel, c’est :

1°) Un nouveau démembrement du droit du travail et un recul pour les salariés Articulé avec la généralisation du travail précaire et des horaires parcellisés, la banalisation du travail du dimanche mène en effet droit à la remise en cause du repos hebdomadaire, quel qu’en soit le jour. C’est bien la "semaine de sept jours", comme le dit Jacques Julliard, qui s’annonce !
Déjà, les salariés de la grande distribution n’ont pas les moyens de s’opposer à la volonté des employeurs de les faire travailler le dimanche. De plus en plus souvent, au moment de l’embauche, on leur demande s’ils sont prêts à sacrifier leur dimanche. Mieux vaut ne pas répondre "non", si on veut obtenir l’emploi.
Bien sûr, le travail du dimanche est mieux payé que les autres jours, mais c’est précisément ce qui permet d’esquiver la question des salaires de base insuffisants, notamment dans le secteur du commmerce. La grève actuelle des employés de l’IKEA de Franconville (cf. Le parisien du 06/12) montre qu’une entreprise travaillant le dimanche sait parfaitement "oublier" d’en récompenser ses salariés...

2°) Un nouveau coup porté au petit commerce de proximité. Pour deux raisons :
- Cela crée une nouvelle concurrence pour les petits commerces qui ouvrent le dimanche matin.
- Il y a impossibilité pour les petits unités commerciales de "suivre", face à des grands magasins qui ont, eux, les moyens, d’ouvrir 7 jour sur 7.
L’ouverture le dimanche, pour ne pas constituer en fait une concurrence déloyale, supposerait qu’on oblige au minimum les grandes surfaces à fermer un jour par semaine. Car les petits commerces, tenus personnellement par les gérants, eux, sont contraints par la force des choses à fermer un jour par semaine, à moins de sacrifier toute possibilité de repos. Or ce n’est pas vers cela qu’on se dirige.

Dans l’agglomération de Cergy-Pontoise, la question de l’extension des « 3 Fontaines » semble pour l’instant réglée (quoique subsiste celle de leur rénovation).
Mais la question de l’ouverture du dimanche pour les grandes surfaces, elle, n’est pas du tout réglée. Elle est même devant nous, risquant de rebondir si l’Assemblée Nationale donne son aval au projet gouvernemental. Si le centre Leclerc d’Osny, ou les "3 F" ouvraient le dimanche, ne nous voilons pas la face : ce seraient des difficultés accrues pour les commerces des centres ville et des quartiers dans notre agglomération, voire la fermeture pour les plus fragiles. L’ouverture le dimanche du centre "art de vivre", notamment de sa grande librairie, n’a-t-elle pas déjà eu des conséquences dans l’agglomération, par exemple pour de petites librairies de proximité (ex : la disparition de celle qui existait Place du Pont) ?

Philippe Houillon, le député-maire UMP, s’est beaucoup vanté d’avoir combattu le projet d’extension des 3 Fontaines, au nom de la défense des commerces de sa ville. Ira t il jusqu’à voter contre, à l’Assemblée Nationale, la proposition de ses amis Paternote et Poniatowski, proposition à moyen terme dévastatrice pour les petits commerces ? En tout cas, pour l’instant, il est demeuré bien silencieux.
On verra rapidement, en observant les attitudes des uns et des autres, si l’opposition de la droite locale à l’extension des "3 F" était vraiment motivée par la defense des petits commerçants, ou si elle avait des motifs plus politiciens ...

Pour ma part, je reste fidéle à une position de principe, déjà exprimée par la liste "Pontoise Ensemble" durant la dernière campagne municipale et qui constitue aujourd’hui encore une bonne boussole pour s’orienter dans les débats concrets que l’actualité fait surgir :
défendre le commerce de proximité, dans les centre villes et les quartiers, c’est défendre le lien social, les emplois de proximité, la ville humaine, et les économies d’énergie.
Bref, la qualité de la vie.

Didier Peyrat

A lire : "Non à la semaine de sept jours", Jacques Julliard, Le Nouvel Observateur, n°2300, 4-10 décembre 2008.


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