Quelle Europe proposez-vous ?

Table Ronde des représentants de listes de gauche pour l’élections au Parlement européen

Jeudi 25 avril 2024 à 20h00
Hall Philippe Hemet, salle polybar 1 rue Pierre de Coubertin, 95300 Pontoise

Quelle Europe voulons-nous ? Les questions de santé

mardi 9 avril 2019
par   Pontoise Ensemble
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Le débat organisé par Pontoise Ensemble le 15 mars 2019 avait l’ambition d’éclairer les citoyens de sensibilité, sociale, écologiste et progressiste appelés à se prononcer lors du rendez-vous électoral du 26 mai. Il réunissait Pamela Hocini, (candidate LFI), Mounir Satouri (candidat EELV), Rachid Temal (PS), et Rayan Nezzar (LaREM).

Une troisième question les interrogeait sur les questions de santé. Même si elles sont d’abord du ressort des Etats, l’Europe peut-elle faire mieux grâce à ses règles qui « ne s’arrêtent pas aux frontières » ? Peut-elle contribuer à se préserver des conséquences de la pollution de l’air et de l’eau, à lutter contre l’explosion des maladies chroniques ?

Rachid Temal : « Quand on voit le scandale du diesel-gate, la question de la santé au sens large (l’alimentation et les services publics de santé) est posée. (…)
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Dans le Val d’Oise, on est en train de fusionner tous les centres hospitaliers, on perd des lits, on perd des emplois. Concrètement c’est un vrai souci, qu’il s’agisse de la question de l’IVG, de la crainte de sabordage de la PAC, de la détresse et du suicide des agriculteurs. L’Europe doit remonter d’un cran ».

Mounir Satouri : « La santé n’est pas une compétence propre de l’’Europe mais elle peut agir indirectement par exemple par la lutte contre les perturbateurs endocriniens. Quant au diesel-gate : tous les ans, c’est 67 000 morts en France à cause des émissions de particules. Cela doit devenir la responsabilité des constructeurs. Il y a des choses où les Etats et l’Europe doivent aider à progresser. Il faut sortir des pesticides. Il y a un certain nombre de produits interdits en Europe et quand même utilisés. C’est un marché mondialisé : si l’on interdit les produits en Europe, il faut un corps de contrôleurs européens . (…)

Il faut instaurer un dédommagement des victimes des pesticides. C’est primordial : il faut réparer. Il faut des mesures de dépollution financées par les pollueurs. La réglementation réaffirmée et la constitution d’un principe de précaution doivent obliger les Etats à respecter ces principes. (…)

Pour que le droit progresse, il faut reconnaître un Droit à la Nature. Les terres de Gonesse, magnifiquement fertiles, risquent d’être bétonnées pour construire un centre commercial. Il faut évoluer au niveau du droit européen, réaffirmer la protection constitutionnelle de la nature et reconnaître l’écocide ».

Pamela Hocini : « L’Europe doit améliorer les biens communs, l’eau et l’air. Mais aujourd’hui, l’Europe fait travailler les lobbies au détriment des services publics en favorisant les plus polluants : l’aérien et le routier. De même, le glyphosate n’est toujours pas interdit : on en mange et on en respire. (…)

De plus, la politique européenne organise la restriction des budgets des services publics, donc avec des hôpitaux avec moins de matériels, moins de moyens humains, ce qui se ressent sur les patients. (…) Il s’agit de sortir des pesticides, de permettre au bio d’être accessible à tous, notamment en soutenant la production de protéines végétales à destination de l’alimentation humaine ».

Rayan Nezzar : « On peut dire que nous sommes tous exigeants sur l’Europe mais on peut aussi rappeler ce qu’elle nous apporte. Nous avons les normes les plus exigeantes, il n’y a pas de bœuf aux hormones, ni de poulet au chlore. Tout cela est interdit en Europe, et lorsque les Etats-Unis ont voulu ouvrir des négociations, nous avons dit non. Nous acceptons de rompre avec la fluidité des échanges commerciaux. Nous assumons une situation difficile avec le Brexit, ce qui signifie que nous rétablirons des contrôles phytosanitaires et vétérinaires, ces normes sanitaires n’étant pas négociables car c’est ce qui se retrouve dans nos assiettes. (…)

Nous proposons avec EELV la création d’un corps sanitaire européen pour mener ces contrôles sur place et sur pièces. Ce sont des propositions que nous porterons et pour lesquelles nous chercherons les financements pour tout mettre en œuvre. L’Europe ne fut pas toujours à la hauteur de tous les défis mais elle a su aider le Brésil contre l’épidémie de zika en 2016. En 1992, c’est l’Europe, avec d’autres pays, qui a créé le fonds de lutte contre le sida. L’Europe ne protège pas assez mais l’Europe passera aussi par la santé ».

Pontoise Ensemble constate que deux participants n’ont pas résisté au rappel de la politique hospitalière actuelle française, et pour LFI en attribuant à l’Europe l’obligation de restriction budgétaire. La fiscalité favorable au transport aérien, la PAC peu favorable aux protéines végétales et à l’agriculture biologique, le diesel-gate, les pesticides, les perturbateurs endocriniens, le poulet au chlore et le bœuf aux hormones, on voit bien que pour chaque orateur la politique de santé européenne est plus environnementale que médicale. Seule LaREM a brièvement évoqué les épidémies. Sur le plan juridique EELV a introduit les notions d’écocide, d’indemnisation des victimes et le PS a souligné l’accès à l’IVG menacé pour certaines européennes.

Pontoise Ensemble complète ce point santé en rappelant avoir souligné le rôle d’alerte que pourrait tenir l’Europe dans l’information sur les médicaments (Lien vers article « Europe et santé quelques actions ») . Au vu des scandales de la Thalimonide, du Distilbène, et de la Dépakine dont la dangerosité ponctuelle a toujours été reconnue bien plus précocément ailleurs, cela rendrait un service précieux aux patients français.


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