Le sursaut d’un mouvement qui s’essoufle
L’orateur observait que l’Europe est en proie à une frénésie d’installation et de gigantisme pour les centres commerciaux : cette concurrence sauvage entre grands opérateurs va à l’encontre du développement durable.
Cependant quelques signes marquent un tournant : de 1996 à 2008, il ne s’ouvre plus que cinq centres commerciaux par an en France, alors que de 1980 à 1995, il s’en ouvrait plus de dix !
Un sur cinq aujourd’hui n’est pas complètement rentable. Les consommateurs appréciaient d’y faire leurs achats, ils semblent apprécier moins, surtout si le centre est vétuste.
Certains tiraillements apparaissent entre opérateurs et enseignes. L’immense centre Agavia (207 000M2) ouvert en septembre 2007 à une douzaine de kilomètre de Madrid ne tient pas ses promesses. La situation immobilière se dégradant en Espagne, les appartements sont impossibles à vendre et les clients espérés (1,3million) ne viennent pas, malgré l’accès métro payé par les pouvoirs publics. Ce projet Agavia était pourtant vanté comme de Haute Qualité Environnementale, et très développement durable !
Les enjeux ont changé en dix ans
La logique de la consommation de masse a-t-elle encore de l’avenir avec l’explosion d’Ebay et autres télécommerces ?
Le lien entre producteurs et clients passe de moins en moins par la boutique. Il faut penser autrement en intégrant la crise énergétique et climatique, mais aussi l’évolution démographique. Le centre commercial inaccessible sans voiture, ou si gigantesque qu’on y perd des heures, ne répondra plus à la demande d’une population qui conduira moins, qui vieillira.
A l’heure des choix la logique peut changer : l’acheteur peut aussi décider d’être un consommateur et un contribuable averti, un habitant sensible aux équilibres du territoire, un citoyen soucieux d’écologie et d’éthique.
Rien n’est joué : l’expérience de l’Hautil
Sur l’Hautil, à proximité de Cergy-Pontoise donc, un projet sur 20ha avec 30.000M2 de commerces et 2500 places de parking a échoué. Il était pourtant annoncé comme bouclé en novembre 2005 pour des travaux en 2007 et une ouverture en 2008 ! Il y a eu une pétition, un réexamen des enjeux locaux, la mise en évidence des besoins de proximité et les exigences de durabilité. La mobilisation intelligente a porté ses fruits : ce projet n’a pas abouti.
Rodrigo Acosta terminait en félicitant l’association d’avoir posé le débat en amont des décisions administratives et l’encourageait à poursuivre : en effet quand le dossier arrive en Commission Départementale d’Equipement Commercial, il est bouclé et il faut intervenir bien avant.