Tout est dans la mesure
Contrairement aux idées reçues, une eau trop douce comme celle des fontaines de montagne ne permet pas la croissance normale des jeunes enfants. Une eau trop riche en minéraux sature les reins des nourrissons et c’est pour cela qu’elle n’est pas conseillée pour les biberons. Il faut donc que l’eau soit un peu minéralisée.
L’eau trop calcaire n’est pas mauvaise pour la santé mais elle est inconfortable pour les peaux sensibles, rend les faïences difficiles à nettoyer et entartre le matériel : bouilloire, cafetière, chauffe-eau. Le bon sens répond que tout peut s’arranger pour les particuliers avec un peu d’adoucissant, de vinaigre ou des détartrages réguliers. Mais le confort moderne fait que ce n’est pas si simple.
Si dans l’habitat individuel les habitants peuvent autogérer l’excès de calcaire, ce n’est pas le cas de ceux qui logent en immeuble. Toute intervention y devient compliquée et coûteuse et encore plus quand le chauffage et l’eau chaude sanitaire sont collectifs.
Pour les installations modernes, la mesure du calcaire ou TH qui s’exprime en degré français (°f) doit être précise. En deçà de 12°f l’eau devient acide et corrode les tuyauteries. Au-delà de 18°f elle devient entartrante. Il faut donc que l’eau fournie aux habitants reste dans cette fourchette.
Le chauffage urbain a besoin d’eau douce
L’échange de chaleur du réseau de chauffage urbain au circuit de chauffage et pour l’eau sanitaire ne se fait de façon satisfaisante que si l’eau n’est pas plus calcaire que 18°f. Cette dernière ne doit être utilisée que pour la vaisselle et la toilette mais pas pour la cuisine et la boisson qui doivent être prises au robinet d’eau froide.
Or bon nombre d’immeubles collectifs à Pontoise (ceux des Larris- Maradas, de Marcouville ou de la zac Bossut) sont raccordés au réseau de chauffage urbain. Comme ils sont livrés en eau potable provenant en grande partie des puits de Cergy 1 et 3 sur la plaine maraichère dont le degré de calcaire est de 45°f cela leur pose problème.
Selon l’Association Syndicale Libre (ASL) des Maradas, adhérente d’Agleau, la qualité de l’eau qui leur est fournie, est très dure et parfois même trouble !... Cela impose l’installation coûteuse et délicate d’adoucisseurs dans les sous-stations. Ces frais ne seraient pas nécessaires si l’eau fournie à ces quartiers par le prestataire Cyo était aussi douce que celle qu’il fournit par exemple au secteur d’Epluches à Saint Ouen l’Aumône ou à l’Hermitage (17°f).
La robinetterie moderne a besoin d’eau douce
L’évolution des installations sanitaires les rend de plus en plus sensibles aux excès du taux de calcaire dans l’eau. Les robinets mélangeurs d’autrefois sont remplacés par des mitigeurs. Avec des mitigeurs sans clapet antiretour dans les immeubles à chauffage collectif, les colonnes d’eau chaude et d’eau froide peuvent se mélanger. La baisse de chaleur dans le circuit d’eau chaude qui s’ensuit peut générer des poches bactériennes et des risques de légionellose.
Cette évolution de la robinetterie génère parfois des alertes sanitaires. Il est alors interdit par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de prendre des douches pour éviter de respirer des vapeurs d’eau contaminée. Et ce tant que les circuits n’ont pas été purgé à l’eau à 60°c.
Lors de son assemblée générale Agleau s’est donc engagée à mettre tout en œuvre pour convaincre la communauté d’agglomération que le service de l’eau doit être réorganisé afin de distribuer enfin une eau de qualité similaire à chaque Cergy-Pontins. C’est le moment puisque la CACP doit préparer un nouveau cahier des charges pour la suite du contrat de la Délégation de Service Public de Cyo qui prendra fin en 2026.
Pour aller plus loin :
L’association Agleau qui existe depuis 2010 suit régulièrement sur son site agleau.fr l’actualité fluctuante du prix de l’eau.
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