Récemment, vous avez eu la surprise de trouver dans vos boîtes aux lettres une brochure titrée "2008-2014 Pontoise Bilan mi-mandat : Conjuguons Pontoise" consacrée à célébrer l’excellence de la majorité municipale, tirée à 20.000 exemplaires et diffusée par les agents municipaux…

En période de crise, vécue douloureusement par de nombreux Pontoisiens aux prises avec des difficultés sociales, et de restrictions budgétaires (baisse des subventions aux associations), il est regrettable que la majorité municipale consacre tant d’énergie et d’argent à concevoir, fabriquer et diffuser 31 pages de propagande en sa faveur… Il nous a fallu argumenter pour obtenir un peu d’espace en contrepartie, dans un journal municipal qui aurait dû être consacré sans frais à ce bilan de mi-mandat.

Qui sommes nous ?

Depuis 3 ans, nous agissons au Conseil Municipal dans le cadre du groupe « Pontoise Ensemble », issu de la liste unitaire de gauche présentée aux élections municipales. Avec les moyens limités qui sont ceux d’une minorité (nous sommes totalement bénévoles), mais avec détermination, nous nous efforçons de faire vivre une opposition de propositions. Une activité qui va au delà des tribunes mensuelles que chacun peut lire dans ce magazine. Les valeurs que nous voulons porter, lors de chaque débat important : solidarité sociale, écologie urbaine et démocratie maximale. Cela ne va pas toujours de soi avec une majorité au garde à vous derrière son maire-député UMP.

Partisans d’une démocratie communale élargie, nous estimons que les Pontoisiens ont le droit de connaître l’action des conseillers d’opposition, et ceux ci doivent aussi rendre comptes de leur mandat. Sans assener une brochure de propagande diffusée à vos frais, nous avons proposé un dialogue, afin d’enrichir notre travail d’élus, par une réunion publique qui a eu lieu le 25 Janvier dernier. C’est le résultat de ce travail et de ce dialogue que nous restituons ici.

Une opposition claire, mais utile

Nous sommes une opposition indépendante : ni « perroquets de l’agglo », ni « copains de la majorité » : nous affichons nos valeurs dans la clarté mais nous nous forgeons, sur chaque dossier particulier, nos opinions, après débat, sans crainte de gêner quiconque. Nous savons dire « non », comme par exemple à l’occasion des budgets socialement déficients et écologiquement ineptes présentés chaque année, et nous avons marqué notre opposition à la dispendieuse et peu utile vidéo surveillance qui sera mise en place presque partout en ville.

Le dernier braquage à Pontoise, celui de la Poste rue de Rouen a eu lieu sous caméra ! On ferait mieux, comme le réclament les Pontoisiens dans une enquête d’opinion hélas jetée aux orties par la majorité municipale, d’embaucher des animateurs, des gardiens et d’encourager la présence humaine dans les quartiers et d’améliorer les éclairages publics dans certains endroits…

Mais nous souhaitons aussi rester une opposition de propositions, utile, même si elle est minoritaire. Notre groupe a instauré la pratique des questions orales et des amendements, qui permet de dépasser la posture de « commentateurs », et oblige la majorité à se déterminer par rapport à nos propositions. Tant mieux si celles-ci sont reprises. Ainsi, la majorité a omis dans son bilan de dire que si une enquête de victimation a eu lieu à Pontoise, c’est grâce à notre insistance et que nous l’avions proposé dès la campagne de 2008.

Dernier exemple en date : le Conseil des sages, idée préconisée sous l’appellation « conseil des anciens » dans le programme municipal de « Pontoise Ensemble » en décembre 2007, est reprise dans la brochure de mi mandat de la majorité.

Hélas nous attendons toujours qu’on nous emprunte les propositions concrètes faites pour promouvoir la circulation douce (favoriser les piétons quelle que soit leur facilité de déplacement, partager l’espace urbain trop consacré à la voiture particulière, sécuriser les trajets cyclables, limiter la vitesse, partout et pas seulement par dos d’âne)… La rénovation des 3 places du centre ancien est un hymne à la voiture omniprésente, sans le moindre aménagement pour les vélos, encombrant les trottoirs de poubelles mal placées, de jardinières bloquant le passage aux poussettes… Et l’idée d’installer quelques bancs sur ces places n’a semble-t-il pas effleuré l’esprit des aménageurs !

2011-2014 : Ouvrir la voie à un avenir différent

Nos trois valeurs fondatrices demeurent actuelles : solidarité, écologie, démocratie. Nous continuerons, vaille que vaille, à les porter. Pour 2011-2014, nous engagerons aussi de nouvelles réflexions, et de nouvelles actions :

 pour un vrai plan éducatif local (PEL) : classes aux effectifs décents, aide aux élèves, accès à la culture, autant de besoins très imparfaitement satisfaits (comme le montre la place assez médiocre de Pontoise dans les évaluations nationales des élèves). Cela justifie l’élaboration concertée avec les parents et les enseignants d’un PEL, promesse non tenue de la majorité municipale.

 pour la mise en place d’une participation citoyenne sur le quartier Bossut… Ce grand projet s’élabore trop discrètement dans le dos des habitants. Nous militerons pour la création d’une « mission d’accompagnement » ouverte aux habitants afin que Bossut se construise à la fois en véritable quartier populaire et en authentique éco quartier.

 contre les pesanteurs de l’intercommunalité technocratique, dirigiste et gloutonne, il faudra défendre l’autonomie et l’identité communale forte de Pontoise dans le cadre d’une intercommunalité plus souple, plus démocratique et limitée à l’indispensable. Un point dont la droite municipale ne souffle mot dans sa brochure.

Nous invitons celles et ceux qui sont attachées aux valeurs de la gauche et de l’écologie à nous rejoindre dans ces réflexions, débats et actions nécessaires pour notre ville. Il existe, c’est vrai, un déficit civique et un manque démocratique à Pontoise : n’oublions pas que le maire y a été élu avec 4400 voix sur 16175 électeurs inscrits. L’indifférence aux affaires communales est un mauvais calcul : si l’habitant ne s’occupe pas de sa ville, notables et technocrates le feront à sa place selon leurs critères, au risque d’un Pontoise banalisé et sans charme, simple quartier d’un « grand Cergy », inaccessible aux jeunes et aux revenus modestes…

Didier PEYRAT, Patrick MADELIN, Bénédicte ARIES